Papa qui part quand les enfants sont ados, change de look, s’achète une décapotable et se met à la colle avec une trentenaire qui lui redonne une seconde jeunesse, dans les années 80, on appelait ça faire sa « crise de la quarantaine ». Quatre décennies plus tard, si la crise de milieu de vie atteint toujours nos contemporains et leurs familles, elle s’est quelque peu modifiée et a surtout élargi son « public ».
La crise de la quarantaine, c’est quoi ?
Ce qu’on appelle « crise de la quarantaine » porte chez nos amis anglo-saxons le nom plus exact de « middle life crisis », ou crise de milieu de vie. Parce qu’aujourd’hui, progrès de la médecine, meilleure alimentation et hygiène de vie obligent, on vit plus vieux. Alors cette crise, elle survient plus souvent à la cinquantaine, lorsque les enfants (qu’on a eux aussi eus plus tard) commencent à prendre leur indépendance.
Son origine ? Arrivé au « pic » de notre existence (au milieu, donc), on se trouverait sur un point d’observation particulier nous permettant de faire le bilan de notre passé, et d’appréhender avec angoisse cette nouvelle période de « redescente » vers notre propre finitude, à laquelle on n’avait pas forcément pensé jusque-là (gloups). Résultat, un sentiment vertigineux et des questions de l’ordre de « Qu’ai-je accompli ? », « Me reste-t-il vraiment des choses à vivre ? », « Mon boulot me convient-il, finalement ? Et mon/ma conjoint.e ? »… Bref, tout un tas de prises de conscience, de remises en question et de pertes de repère à l’heure où la famille s’éparpille et où l’on a l’impression que si l’on veut se réinventer, c’est l’occasion… ou jamais.
Théorisée en 1965 par le psychanalyste canadien Eliott Jacques, cette crise a ensuite été étudiée par des scientifiques tels que Sherry L. Willis, David Almeida ou Susan Krauss Whitbourne. Selon ces experts, elle toucherait 10 à 20% de la population occidentale, et surviendrait à des âges oscillant entre 35 et 55 ans, avec une moyenne chez l’homme comme chez la femme se situant aux alentours de 46 ans.
Maladie de notre société occidentale ployant sous cette satanée « culture de la jeunesse », la crise de la quarantaine n’est pas une pathologie mais un état d’esprit passager.
Envies de changements, questionnement sur nos relations aux autres, au monde professionnel (où l’on voit arriver une nouvelle génération qui nous fait nous sentir vieux), ces crises existentielles qui gagnent les post-quadras déboussolés par un monde en mutation ont un impact très fort sur leur quotidien, leur vie de couple et de famille et peuvent parfois se transformer en véritables dépressions. Aujourd’hui, l’approche de cette situation est toutefois mieux connue, et la société bien davantage dans le dialogue qu’il y a quelques décennies. Le papa en cabriolet d’antan a par ailleurs laissé la place à deux sexes atteints des mêmes symptômes qui, s’ils sont identifiés et raisonnablement solutionnés, peuvent même être un mal nécessaire pour un nouveau départ.
Crise de la quarantaine : les symptômes
Oui, l’image de notre homme des années 80 en chemise hawaïenne parti avec sa secrétaire a fait long feu. La crise de milieu de vie touche hommes comme femmes, surtout dans cette génération qu’on appelle « sandwich » où, à l’âge de 40 ans, on n’est plus ni jeune ni vieux, que l’on s’interroge sur sa vie professionnelle, que les enfants s’émancipent mais qu’il faut commencer à prendre soin de ses propres parents. A cela s’ajoutent souvent les premiers problèmes de santé, les divorces autour de soi (ou le sien) et l’apparition des signes de vieillissement. Résultat de ces bouleversements pas anodins, une perte de repères et un changement de comportement chez les personnes les vivant plus mal que d’autres.
Parmi les signes d’une middle life crisis, on trouve ainsi :
une lassitude face à la routine du quotidien
un manque d’entrain face à de nouveaux projets
une insatisfaction globale
ou, au contraire, une envie désespérée de tout changer, tout de suite
de la colère envers son partenaire, considéré comme coupable de bien des maux de l’autre
de la négligence envers son couple, et même envers sa famille
des troubles du sommeil
Selon Alexandre Cormont, Love coach et conférencier qui s’est abondamment penché sur la question, la crise de la quarantaine chez la femme, concordant avec l’approche de la ménopause et le syndrome dit du « nid vide » (le départ des enfants du foyer) ajoutent à ces signes un sentiment particulier lié au fait de ne plus pouvoir devenir mère. Aujourd’hui encore bien plus impliquées dans l’éducation des enfants, les femmes vivant une crise de milieu de vie pourraient être gagnées par un sentiment soudain d’inutilité d’autant plus si elles ont mis de côté leurs amitiés, hobbys ou ambitions professionnelles pour se consacrer en grande partie à ce fameux nid.
Crise de la quarantaine : quelles solutions ?
S’il semble inévitable de faire un point sur la situation à certains moments de sa vie, on peut toutefois vivre sa crise de la quarantaine avec plus ou moins de distance. Aujourd’hui, et notamment chez les femmes, nombre de personnalités inspirantes ont permis de « dédramatiser » ce passage délicat, voire de l’envisager d’une toute autre façon, comme un nouveau départ, une liberté regagnée après des années de sacerdoce maternel et la promesse de longues décennies à vivre plus libre et en bonne santé.
Avec humour, Jessica Cymerman, auteure et fondatrice du blog Serial Mother, relativise ce changement dans son ouvrage « 40 ans, c’était vieux avant ! », et aborde les maintes raisons de se réjouir de cette avancée en âge. Comme elle, nombre d’artistes quadras abordent ce sujet sensible avec humour. On pense à Florence Foresti chez les femmes, ou Franck Dubosc chez les hommes, qui transforment cette prise de conscience en éclat de rire. Par ailleurs, de nombreux ouvrages de développement personnel, mais aussi une vision nouvelle de notre place dans une société peut-être moins jeuniste et plus axée sur le bien-être, l’émotion et le gain de sagesse rendent également l’angoisse de ces âges dits canoniques probablement moins prégnante aujourd’hui.
Enfin, beaucoup de psys estiment que ce moment où on met sur « pause » le rythme trépident de nos vies peut être positif, voire nécessaire pour envisager sereinement le second chapitre de nos existences. Car, loin de n’être qu’une plaie pour soi et les autres, la crise de milieu de vie peut au contraire devenir un tremplin dès lors que la personne sait la transformer. Pour Susan Krauss Whitbourne, chercheuse à l’Université du Massachussets, cette crise surviendrait beaucoup moins fréquemment chez les personnes ayant changé de travail au cours de leur trentaine. On l’aura compris, se donner de nouveaux challenges constitue un très bon palliatif à la démotivation globale ressentie à ce moment-charnière de nos existences. Aujourd’hui, faire toute sa carrière au même poste dans la même entreprise est rare. Aussi, envisager un bilan de compétences, ou déterrer nos envies les plus enfouies peut être une bonne idée pour s’épanouir à nouveau au quotidien et ne plus envisager l’avenir comme « le début de la fin ».
Se poser les bonnes questions en se faisant aider par un.e professionnel.le et/ou lire des livres sur le sujet s’avère souvent indispensable pour tenter d’y voir plus clair et éviter de sombrer dans la dépression.
Toutes les crises ont une solution. En trouvant son origine, on peut alors identifier ses envies, les changements à opérer et aborder sereinement la cinquantaine.
Comment sauver sa relation de la crise de la quarantaine ?
D’accord, mais et l’amour, dans tout ça ?
Car si cette période de turbulence flirtant entre la remise en question, la mise en place de nouveaux challenges ou la dépression est souvent stressante pour celle ou celui qui la vit, elle est également loin d’être évidente pour le partenaire au quotidien. Car, bien souvent, celui-ci peine à trouver sa place dans ces questionnements très personnels qui l’impliquent toutefois bien plus qu’on ne voudrait le croire.
Parfois, la relation était en bout de course et la rupture, concordant à la crise, était inévitable. Mais ça n’est pas toujours le cas, et on aurait tôt fait de faire porter à notre partenaire un chapeau ne lui appartenant pas.
Supporter l’insatisfaction de son/sa conjoint.e, ses silences, ses reproches ou ses colères n’est évidemment pas évident. Pour sauver son couple, il faut s’armer (vaillamment) de patience et, surtout, privilégier le dialogue. Essayer lorsque l’occasion semble propice d’amener l’autre à verbaliser son mal-être, à l’identifier, à consulter des spécialistes qui pourront l’aider. Cela peut aussi passer par la mise en place de nouveaux projets commun, un changement d’air et de routine.
Etre soi-même en confiance, sûr de ses choix et de son avenir est évidemment un plus pour le couple. Le partenaire peut alors aider l’autre à identifier ses manques, à le rebooster s’il se sent vieillir au boulot, par exemple, à l’orienter vers cette direction qui lui redonnera le goût des challenges. Car qui connaît mieux la personne en crise et la situation que son partenaire ? Alors, et à condition de ne pas accepter de devenir le bouc émissaire de l’autre, et en prenant soin de ne pas se laisser gagner par son accablement (mettez direct le holà aux « ON est vieux, ON n’a plus rien à attendre »), à deux, on peut sortir vainqueur de cette crise, et même bien plus jeune, amoureux, heureux et libre qu’au temps des enfants.
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